Comme les révolutionnaires français avant eux, les occupants allemands de la deuxième guerre mondiale décidèrent de réquisitionner les cloches de nos campaniles pour en récupérer les métaux destinés à l’industrie de l’armement militaire.
La « Commission interdépartementale pour la sauvegarde des cloches » présidée par le colonel Joseph De Beer, conservateur du Musée Sterckshof à Deurne parvient à persuader les autorités allemandes de conserver les termes de l’arrêté du 13 juillet 1793 et de laisser une cloche au clocher de nos villages.
Il s’évertua avec son équipe d’établir un inventaire descriptif avec photo des cloches avant leurs départs vers les fonderies d’Allemagne. Près de 5000 clichés ont été effectués des 4568 cloches emportées.
Des disparues ne subsistent que ces clichés* provenant du travail de fourmi de Joseph de Beer.
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A Péruwelz,le pillage allait se dérouler le 21 juillet 1943 ! Un entrepreneur enleva 3 des 4 cloches que possédait l’église Saint-Quentin.
L’enlèvement des cloches à l’église Saint-Quentin, en présence d’une foule très nombreuse
(photo prise clandestinement, l’occupant allemand interdisant toute photo)**
Les cloches enlevées étaient les plus récentes :
- Marie-Anne, la plus petite, pesant 280 kgs, donnée à l’église en 1824 par le doyen Célestin Piquart, natif de Hollain
- Marie, pesant 1040 kgs, donnée en 1891 par Madame Hortense-Marie Forestien de Laudenbourg, veuve de Louis Bacquin ; elle avait été bénie par le doyen Pourbaix et fondue à Louvain par Alphonse Beulleux
- Louise, 1410 kgs ,donnée par Madame Bacquin.
Seul resta le gros bourdon. Maigre consolation, le rescapé était le doyen et réussissait son deuxième sauvetage depuis sa sortie de la fonderie en 1767. Son poids était de 2600 kgs . Il avait eu comme parrain Emmanuel de Croy, prince de Solre et seigneur de Péruwelz et comme marraine la comtesse de Millendonck, princesse douairière de Croy-Solre.
Les trois "confisquées" ( Marie,Louise et Marie-Anne),attendent leur départ pour le Reich.*
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Au même moment, on enleva également les cloches de l’église de la Roë. Elles avaient été placées le 14 mai 1911. Seule resta la plus petite Théodora, 225 kgs ; les deux autres, Marie, 675 kgs et Anne, 450 kgs furent emmenées.
De gauche à droite : Jacques Mouton, René Vandrepotte, Rolande Hanarte, Walter Dumont, abbé Delmotte,
André Demarlière, Albert Detournay, José Deplanque.
Anne et Marie sur le même quai de gare que leurs soeurs péruwelziennes.*
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Saint-Quentin retrouvera relativement vite des remplaçantes à ses disparues.
Le 5 novembre 1950, déjà, Mgr. Himmer, évêque de Tournai procèdera au baptême de ces trois nouvelles cloches.
Pour donner un certain ordre d’idée sur la lenteur habituelle des « réparations de guerre » le village de Basècles devra attendre le 8 avril 1962 pour retrouver la totalité des pensionnaires de son clocher !**
* © KIK-IRPA, Bruxelles www.kikirpa.be
** Village de Basècles