Léon Varlez : Un mort parmi les autres

Cette carte-photo a été envoyée par le soldat de 2^e classe Varlez Léon à un dénommé Emile Deal domicilié à Wiers (La planche ?).

La photo le représente, agenouillé, entouré d’autres militaires français, anglais et russes internés au Gefangenenlager de Döberitz à 25 km à l’ouest de Berlin.

Après recherches dans les documents suivants

• Ministère des Armées,Base de données des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale

• Fichier du Comité international de la Croix-Rouge - Prisonniers de Guerre 14-18,

• « Le 2me Régiment Territorial d'infanterie pendant la Guerre » par le Lieutenant-Colonel BEAUCHESNE (Paris, Novembre 1920),

on peut reconstituer le parcours militaire de ce soldat.

Né 19 avril 1875 à Flines-les-Mortagne, fils de Jean Baptiste VARLEZ et de Marie MERCIER domiciliés à Bruay-sur-l’Escaut

Marié à Denain le 12 juillet 1901 avec Elise Sophie LEDUC, d’où 5 enfants.

Recrutement de Valenciennes, classe 1795, matricule n° 241, registre 1.

Signalement : cheveux et sourcils châtains, yeux gris bleu, front rond, nez long, bouche moyenne, menton rend, visage ovale. Taille 1,64 m.

Degré d’instruction générale : 3

Profession de mouleur en fer.

Service militaire au 127e Régiment d’Infanterie 12.11.1896 au 19.09.1897, soldat de 2e classe.

Remobilisé, à la caserne du 127e R.I. de Valenciennes, le 2 août 1914, comme il est versé à l’Armée Territoriale depuis le 1er 0ctobre 1909, il est affecté à la 9^e Cie du 3^e bataillon du 2e Régiment Territorial d’Infanterie.

Celui-ci est transporté dans la nuit du 4 au 5 à Maubeuge pour occuper le poste de défense avancé des forts de Maubeuge à Ferrière-la-Petite. A partir du 6 août, les travaux de défense sont poussés activement et sans discontinuer : remise en état du fort du Bourdiau et de l'ouvrage permanent de Ferrière-la-Petite, établissement de batteries et de  tranchées, réseaux de fils barbelés sur tout le front et abris de mitrailleuses.

Le 29 août à 13h00 commence le bombardement du camp retranché qui durera sans trêve ni merci jusqu'au 7 Septembre à 18h00.
La capitulation parvenue dans la soirée trouve le 2e territorial sur la position qu'il avait reçu l'ordre de tenir jusqu'à la dernière extrémité et que l'ennemi n'avait pu entamer.
Le 8 septembre les  bataillons rassemblés à 11h 30 sur la route de Ferrière-la-Grande à Maubeuge prennent le dur chemin de la captivité et feront partie des 32682 faits prisonniers parmi les 45000 combattants de la poche de Maubeuge.

Léon Varlez sera d’abord interné au Gefangenenlager de Zossen à 30 km au sud de Berlin avant d’être transféré le 1^er septembre 1915 au Gefangenenlager de Döberitz.

C’est là qu’il est déclaré décédé le 3 septembre 1917 sous le n° 63139 du 15 novembre 1917 d’après une liste AEM 3245 transmise par le ministère des affaires étrangères. Mort de maladie contractée en captivité : empoisonnement par des champignons.
La malnutrition inhérente à ces camps de prisonniers serait-elle à l’origine de cet accident ?

Il laisse une veuve et 5 enfants qui deviennent « pupilles de la nation ».